Il y a 2 siècles, la Commune de Martignas, grande propriétaire de terres, ne possédait aucune propriété

bâtie. A partir du milieu du XIXème siècle, les premiers bâtiments communaux furent édifiés : une nouvelle

église en 1856, puis une mairie-école en 1864. Un troisième projet vit ensuite le jour : la construction d’une cure pour loger le desservant de la paroisse. Ce bâtiment eut trois grandes vocations successives :  presbytère, Maison du docteur et enfin Mairie.

 

Chapitre 1 :  l’histoire du presbytère

Construire une Cure pour accueillir un curé résidant

Depuis le début du XIXème siècle, la paroisse de Martignas était desservie par le curé résidant à Saint-Jean-d’Illac. Cette situation n’était pas appréciée par les Martignassais. Pour obtenir satisfaction, dans un premier temps, le curé fut logé dans la location précédemment occupée par la mairie, après la construction de la mairie-école. L’administration diocésaine envoya l’abbé F.-CH. Augonnet comme titulaire dans la paroisse en 1869. Il y resta jusqu’en 1871.

Dès 1864, le conseil municipal, présidé par le Maire François Bordes approuva la construction d’un presbytère non loin de l’église (bâtiment actuel de l’Hôtel de Ville). Pour la réalisation du projet, deux terrains contigus furent acquis pour une somme globale de 3100 francs. Les terrains appartenaient l’un à Mlle Constantin et l’autre à Louis Eyquem. La conception des plans fut confiée à l’architecte Billaud. L’adjudication des travaux désigna l’entrepreneur Guillemet. La réception définitive de la cure eut lieu le 7 septembre 1871. Le remplaçant de l’abbé Augonnet, l’abbé François Brunaud  emménagea dans le nouveau presbytère le 11 septembre 1971.

Le bâtiment achevé, le nouveau curé nommé et installé, il subsista le problème du financement des travaux.

En octobre 1871, le maire, François Peyneau signa une obligation à Jean Biot, boulanger à Pessac, pour une somme de 8 400 francs, remboursable sur 4 ans avec un intérêt de 5%. L’emprunt couvrait le paiement  des terrains et la construction de la Cure (5003 francs). Le coût estimé de l’architecte fut dépassé en raison des nombreuses modifications de projet initial. Le bâtiment rectangulaire classique, en pierre de taille du pays, sans étage, avait été non seulement agrémenté de deux bâtiments latéraux servant l’un de chai et l’autre ’écurie, mais aussi de cheminées de marbre dans chaque chambre, ainsi qu’une sculpture d’un fronton au-dessus de la porte d’entrée qui existe encore.

Difficiles rapports entre autorité civile et religieuse

A partir de 1871, la cure fut occupée par les curés successifs de la paroisse.

  • L’abbé Brunaud fut remplacé par l’abbé Chabrol, qui décéda brutalement le 9 mai 1897 d’apoplexie dans la Cure. La cause fut attribuée aux frictions incessantes avec les élus et les membres du conseil de Fabrique à propos des réparations non faites sur l’église et la cure
  • L’intérim a été assuré par le curé Delage de la paroisse de Saint-Jean-d’Illac jusqu’à l’entrée en fonction de l’abbé Piau, le 11 février 1898. Ce dernier a laissé dans le registre de la fabrique de l’église, conservés à ce jour, quelques lignes savoureuses sur les paroissiens, peu enclins à la religion, et sur son logement qu’il dit trouver dans « un état parfait de délabrement ».

L’homme d’église, à la foi conquérante, s’est lancé dès le début de son ministère dans un long combat sans répit pour tenter d’obtenir la remise en état de l’église, du cimetière et du presbytère.

La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat envenima définitivement les relations avec le pouvoir local ;

le Maire et son conseil exigèrent la signature d’un bail d’une valeur de 70 francs pour la location de maison curiale. En 1910, l’abbé Piau excédé, fit des réserves sur le document à la signature du bail et exigea des réparations du logement. Le conseil municipal se montra inflexible et vota, en prévision des travaux, une sérieuse hausse du loyer (200 francs par an).

En réaction, l’abbé Piau quitta les lieux en  juillet.

 

Chapitre 2 : la Cure devient « Maison du docteur »

 

Après le départ de l’Abbé Piau en juillet 1910, la préfecture demanda au Maire, Pierre Balade, de trouver un nouveau locataire pour ce bâtiment communal. Le Maire se chargea de trouver un nouveau curé « conformément aux vœux exprimés par un certain nombre d’habitants ». Il obtint aussi du conseil municipal la baisse du loyer pour un prix de 75 francs par an, plus raisonnable comme l’avait souhaité l’archevêché avant la nomination du nouveau curé. Le premier septembre 1911, le bail fut signé par le curé Lagaillarde pour une durée de trois ans.

A partir de 1913, le curé est parti vivre dans le presbytère à Saint-Jean-d’Illac…

Début d’une nouvelle identité : la Maison du docteur

Par conséquent afin de conserver cette recette au budget communal, l’ancienne cure fut louée à des particuliers.

La maison fut louée :

  • au garde champêtre,  Paul Dubourg, pour 100 francs par an,
  • puis à la famille Angot,
  • suivi de monsieur De Pitray en 1925.
  • En 1927, un capitaine en retraite loua pour 1500 francs par an.
  • Enfin de 1930 à 1940, Maurice Labeyrie signa un bail annuel de 1680 francs avant de déménager.

A partir de 1940 le presbytère devint la « Maison du docteur ».

  • En premier, le docteur Pujos
  • qui fut remplacé par le docteur Sarton. Ce dernier obtint le logement à titre gracieux.
  • Se succédèrent le docteur Bayrou et le docteur Pomès. Ce dernier s’installa à Bordeaux à partir de 1954 et ne fit plus que deux visites hebdomadaires dans la commune.
La nommée « maison du docteur » resta dans la mémoire populaire jusqu’à la fin du siècle. A partir de 1954, elle devint le logement de Mme Soulat, institutrice qui déménagea début 1971.

En 1971, la Maison du docteur devient la Mairie

Le Maire, Jack Sibard saisit l’opportunité pour proposer de transférer le bureau de la Mairie dans ce bâtiment, d’autant qu’il fallait créer une classe supplémentaire dans la Mairie-école. Le conseil municipal approuva à l’unanimité.

Le déménagement a eu lieu début mai 1971.

Après quelques travaux d’aménagement, le corps principal de l’ancienne cure est partagé en

  • bureau du maire,
  • bureau des adjoints
  • et bureau de la première secrétaire permanente : Mme Isabel Seguin.

Les ailes de la cure furent aménagées :

  • à droite le bureau des associations,
  • à gauche s’installa la première agence postale de Martignas.

L’essor démographique était amorcé : la commune comptait 2390 habitants.

De ce fait, le nombre de conseillers devait passer de 13 à 17 membres aux élections municipales de 1977. Dès 1976, le maire, Yves Dupuy proposa au conseil municipal d’agrandir le bâtiment communal. Il fut conçu par l’architecte Chaveron : création d’une nouvelle salle du conseil municipal, plus un sous-sol servant de garage. Yves Dupuy obtint une subvention pour ce projet à hauteur de vingt pour cent du coût, grâce à l’appui du ministre de l’intérieur, Michel Poniatowski.

Le maire suivant, Jean Cazaux, fit la réception des travaux en 1978.

 

Retrouvez le dernier chapitre de cette histoire très prochainement

Marie-Thérèse Sénac Attachée principale de conservation du patrimoine

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